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Conférence de presse création du Collectif Contre le Racisme et les Idées d'extrême droite

Collectif contre le racisme et les idées d'extrême-droite, un collectif d'associations, de syndicats et de partis politiques unis contre toutes les formes de discriminations.

POINT 1 : LE COLLECTIF, SON HISTOIRE, SES OBJECTIFS, SA DIRECTION COLLEGIALE ET LES ORGANISATIONS MEMBRES.

(Pascale) Le Collectif contre le racisme et les idées d'extrême-droite est né officiellement en 1999, fortement porté par les syndicats suite à un forum contre le racisme en 1998 en réaction aux discours racistes et antisémites du Front national et de son leader Le Pen et aux forts scores électoraux des législatives de 1997. Il s'est ouvert à l'ensemble des associations et partis portant des valeurs universelles et progressistes qui l'ont rejoint massivement. L'objectif était de lutter contre les discriminations et le discours raciste, d'informer, de réagir à l'actualité. Il s'est illustré par des :

  • Manifestations, conférences, soirées cinéma et débats, fête des cultures destinée à promouvoir le « vivre ensemble »
  • notamment en 2002 : concert du 1er mai contre l'extrême-droite, Le Pen étant au second tour des élections.

Dans la même période, le Collectif a naturellement commencé à défendre les migrants, les sans- papiers, à prêter main forte au Réseau d'éducation sans frontières, et organisé les premiers baptêmes républicains. Il a toujours été un allié pour l'association Itinérance. Après quelques années sans activité réelle, de nouveaux statuts ont été rédigés en décembre 2022 : Cette association a pour buts :

  • de valoriser les libertés fondamentales et publiques,
  • de favoriser les échanges de cultures dans le respect de la laïcité,
  • de promouvoir des idées de justice, égalité et tolérance,
  • de lutter contre l’exclusion, tous les racismes, la xénophobie, tous les sexismes, tous les intégrismes, toutes les idées d’extrême droite dans un souci du respect des principes démocratiques.
  • d’œuvrer pour la fraternité entre les peuples et de combattre la criminalisation des exilés et des migrants

Cette association se réserve le droit d’ester en justice pour la défense individuelle et collective des victimes des discriminations. Sont présents, à ce jour, dans ce collectif : Association : Itinérance, AFPS, Mouvement de la Paix, Coopérative Citoyenne, Gauche Debout, LDH, MRAP, UFAL... Partis : EELV, Génération.s, LFI, PCF... Syndicats : CGT, CNT, FSU, Sud Éducation...

POINT 2 : LES NEBULEUSES D’EXTRÊME-DROITE, LES DANGERS AVERES ET LA « NORMALISATION » DU RN

(Francis) Nous sommes rendus à un point ou la question la normalisation du RN en tant que parti politique susceptible d’accéder à la responsabilité politique du gouvernement de la France contraint à l’analyse de la façon dont s’opère cette normalisation au sein de la société française. Ne disposant pas du temps nécessaire pour produire une analyse exhaustive dans le cadre du temps imparti dans une conférence de presse, nous tenterons d’en souligner les points essentiels. La première particularité est que par divers processus en lien avec la bataille des idées, l’extrême-droite a réussi en quelques décennies à s’extirper du ghetto politique dans lequel elle a été cantonné après la fin de la seconde guerre mondiale pour réussir à imposer ses thèmes de prédilection dans le débat politique. Ce mouvement s’accompagne d’une radicalisation des droites qui se rapprochent désormais des formes les plus extrêmes. Ainsi, de parti de droite radicale, longtemps cantonné à la marge des scrutins électoraux et réputé « infréquentable », le RN, par effet de dédiabolisation associé à une progression électorale fulgurante semble devenu incontournable. Le RN et la kyrielle de satellites qui gravitent dans sa nébuleuse, ont ainsi réussi à déplacer le curseur idéologique de la société française, en accentuant, entre autres, des marqueurs tels l’abandon des acquis sociaux, le recul des solidarités, le repli individuel, la montée des égoïsmes, le refus de l’altérité, et bien entendu la recherche de boucs émissaires. Depuis l’arrivée en force du RN à l’assemblée Nationale, le refus de ses députés de voter une augmentation du SMIC et leur soutien apporté aux mesures d’urgence pour le pouvoir d’achat présentées par le gouvernement, illustre la vraie nature de ce parti. De nombreux indices relevés dans l’actualité politique indiquent qu’en réalité la normalisation à marche forcée du RN, autrement définie par le terme de « dédiabolisation », utilisé à satiété, notamment par la sphère médiatique, s’opère dans une sorte de mimétisme selon le principe de l’effet miroir. L’effet miroir opère sur plusieurs registres. D’une part, l’élection présidentielle 2022, donne à voir le scénario d’un façonnage fulgurant du candidat Éric Zemmour, dont l’essentiel du fonds de commerce au service de son objectif politique, se compose de thèses ultraréactionnaires, d’outrances sociétales et de falsification de l’histoire. L’émergence tout autant fulgurante de son parti Reconquête, largement sponsorisé par les plus hautes sphères du patronat français, en dit long également sur l’origine des soutiens. En regard de l’extrémisme idéologique affiché et revendiqué par Reconquête, le RN peut ainsi se présenter comme un parti « normal » ce qu’il n’est évidemment pas. D’autre part, la kyrielle de groupuscules satellites gravitant autour de la nébuleuse RN, qui sont de plus en plus actifs et interviennent de plus en plus intempestivement avec violence à travers de multiples actions en lien avec l’actualité de la vie sociale, accentue l’effet-miroir. Depuis 2017 au moins neuf attentats terroristes d’ultradroite ont été déjoués en France, fomentés soit par des individus isolés soit par des groupes organisés, en tant qu’organisations, groupes de discussions sur les réseaux sociaux etc. Au titre des groupes organisés très actifs on distingue entre autres, « Division AtomWaffen », « Honneur et nation » pour « la sauvegarde du patrimoine et des traditions face à la mondialisation et le capitalisme » association dont les statuts sont déposés à Vichy et dirigée par l’ancien secrétaire départemental du FN Jeunes en Corrèze, « Génération identitaire », le groupe des « Barjols », initiateurs d’un projet d’attentat visant E. Macron, les « Forces françaises unifiées » (FFU), le groupe « L’Oiseau Noir », l’« Action des forces opérationnelles » (AFO) qui affiche l’ambition de lutter « contre le péril islamiste », se prépare à la guerre civile, projetant d’attaquer des islamistes sortant de prison ou des mosquées radicales,

« L’Organisation des Armées sociales », (OAS) référence assumée à l’ancienne OAS pro- Algérie-française, dirigée par un ancien de l’Action Française, qui avait projeté de s’en prendre à

J.L. Mélenchon et à Christophe Castaner. Mais la violence d’extrême-droite peut également émaner d’individus isolés, tels ce jeune homme du Haut-Rhin, chez lequel en août 2021 la police découvre quatre bombes artisanales à l’uranium dont trois en état de fonctionner. Récemment, l’actualité politique locale relative à la présence de structures d’accueil de migrants, émanant de deux petites villes de province, Callac dans les Côtes d’Armor en région Bretagne et Saint Brévin les Pins dans la Loire-Atlantique en région Pays de la Loire, renvoie l’image négative du rejet de l’altérité de la part d’une extrême-droite ouvertement raciste et très violente. Au point de franchir le cap de l’acte criminel en brûlant la maison et la voiture du maire. Cet épisode marque aussi la faillite de l’Etat républicain, au plus haut niveau, incapable de protéger les élus du peuple malgré leurs appels au secours. La démission du maire de St Brévin, comme le retrait de la délégation de l’adjointe au maire de Callac chargée du projet Horizon, montrent que face la vigueur et à la violence des actions de l’extrême-droite, nombreux sont les responsables politiques prêts à abdiquer devant l’adversité. Cela met en lumière la profondeur du malaise et le caractère insidieux des reculs de la démocratie républicaine. Autrement dit cette haine « multicible » est autant le fait d’individus « marginaux, isolés et précaires » que de groupes organisés qui grâce aux réseaux sociaux mélangent « contacts en ligne et activité militante » Les militants antifascistes de la « Jeune Garde » relèvent « multiplication des violences, des attaques dans la rue jusqu’aux attentats terroristes ». « Le terrorisme, c’est l’apogée de la violence pour un militant politique. Pourtant, cette possibilité n’est plus marginalisée, elle devient petit à petit une norme dans leur corpus d’action. » Après avoir relevé de manière succincte et non exhaustive l’activité récurrente et les actions violentes de l’extrême-droite, sur l’ensemble du territoire l’effet-miroir évoqué prend tout son sens. En regard de l’activité déployée par la kyrielle des groupuscules satellites évoqués gravitant dans sa nébuleuse, Le RN peut se présenter désormais comme un parti « normal », « dédiabolisé », et donner l’impression d’une complète intégration dans le processus démocratique. Mais finalement ceci n’est qu’un leurre. En effet les idées qu’il s’est patiemment employé à imposer depuis des décennies dans le débat politique, largement relayées par les divers démembrements que nous avons évoqués et des médias avides de « coups éditoriaux », ont irrigué de nombreux esprits au sein de la société française. Cette imprégnation idéologique semble prendre des proportions inquiétantes si l’on se réfère par exemple aux résultats d’une enquête intitulée « Chronique de la Haine Ordinaire » composée de 30 articles (25 publiés à ce jour) réalisée par Mediapart. A travers le récolement de faits survenus sur l’ensemble du territoire français, tant du point de vue de l’évolution idéologique que des actes de violence physique relevés, elle dépeint un décevant et inquiétant panorama de la société française au sein de laquelle les valeurs essentielles notamment le respect de l’autre et la solidarité semblent en net recul. A tel point que certains militants, même les plus aguerris, portent un regard pessimiste sur la situation, tel Jacques Declosmenil, président de la section Manche du Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples, MRAP, qui après vingt-cinq années de lutte, exprime son inquiétude : « À 76 ans, je suis très inquiet, partout en Autriche, aux Pays-Bas, en Suède, en Italie, en France, la gangrène prend et on n’est plus à même de renverser la vapeur. » « Le problème, c’est que de manière générale, les gens de gauche ne font plus de politique, ils font de l’humanitaire. Et il n’y a plus personne pour mener la bataille des idées. » C’est le défi que notre collectif veut s’employer à relever. Mener la bataille des idées contre l’extrême-droite dans l’objectif de construire une société apaisée et solidaire.

POINT 3 : LA LOI IMMIGRATION. LE PORT ET SES CONCERTINAS

(Claudie & Itinérance) Le mercredi 1 février 2023, le ministre Darmanin présentait son projet de loi asile immigration au Conseil des ministres. Il s’agit de la 29ème loi depuis 1980. Depuis 30 ans, les textes relatifs à la politique migratoire de la France se succèdent et ont toujours les mêmes conséquences : le recul des droits des personnes exilées et la détérioration de leurs conditions d’accueil. Mai 2023. Le projet de loi n’est toujours pas sorti des limbes. Dévoilé à l’automne 2022, présenté en conseil des ministres en février, voté en commission des lois du Sénat en mars, déprogrammé quelques jours après, annoncé de nouveau par le président de la République sous une forme découpée, puis enterré par Mme Borne, avant d’être remis à l’agenda par le chef de l’Etat et finalement reprogrammé à l’été... 29 lois en 40 ans ! Est-ce bien sérieux ? Outre le fait que cette loi n’envisage pas les changements en cours dans nos sociétés en particulier le dérèglement climatique et inévitablement les migrations qui vont en résulter. Vous avez sans doute entendu parler des métiers en tension. Laissez-moi vous expliquer. Ce titre de séjour proposé existe déjà dans la loi de 2018. Il s’agit dans cette nouvelle loi de donner de droit aux étrangers qui sont actuellement sur le territoire français et travaillent sans être déclarés dans les métiers dits en tension, un titre de séjour salarié temporaire d’un an. J’insiste sur le terme temporaire car au bout d’une année, lors du renouvellement, cette carte sera renouvelée à la discrétion de l’administration qui pourra, à son gré, sans motiver sa réponse, refuser les titres de séjour. Les personnes étrangères qui travaillent au noir aujourd’hui vont donc avoir un titre de séjour temporaire d’un an puis pourront être jetées sans qu’aucun motif ne soit avancé au bout d’une année. Nous disons NON. Nous refusons que les personnes étrangères deviennent de la main d’œuvre jetable. Dans son projet de loi, le gouvernement prévoit de créer une nouvelle carte de séjour dénommée « talent-professions médicales et de pharmacie », destinée aux professionnels de santé. Le gouvernement pense donc que pour répondre à la pénurie de médecins en France, il ne s’agit pas de changer la politique de santé mais, en améliorant l’“attractivité nationale”, de recruter encore plus de médecins, en provenance pour la plupart du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, médecins qui accepteront de travailler pour des salaires moindres dans les lieux délaissés par les médecins français. Ce faisant, le gouvernement entend profiter sans frais, de professionnels formés par ces pays avec comme conséquence une réduction de l’accès aux soins de leurs populations. Nous disons NON. Nous refusons de transférer nos déserts médicaux dans les pays issus de nos anciennes colonies. Dans son projet de loi, le gouvernement entend enfermer des 16 ans, des enfants dans les Centres de Rétention Administrative au mépris de la Convention internationale des droits de l’enfant Les Nations Unies recommandent de faire cesser cette pratique, tout comme le Commissaire européen aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, le Défenseur des droits, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté ou encore la Commission nationale consultative des droits de l’Homme. Nous disons NON et refusons l’enfermement des enfants dans des lieux de rétention. Le Président de la République a annoncé, dans son interview télévisée, sur France 2 et TF1, mercredi 22 mars, que le projet de loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » serait « réagencé ». « Il y aura sans doute plusieurs textes et ils arriveront dans plusieurs semaines », a -t-il précisé. Le découpage, le saucissonnage de ce projet de loi ne laisse rien augurer de bon pour les étrangers. Nous nous joignons aux associations d’aide aux migrants dont la Cimade, le Gisti ou encore le Secours catholique et Médecins du Monde, et réclamons un abandon définitif du projet. Nous plaidons pour « la mise en place d’une politique migratoire fondée sur l’accueil, le respect des droits fondamentaux et la dignité humaine » La ville de Cherbourg, avec ses ports, ses activités nautiques est de fait, une ville ouverte sur la mer. Au nom de la sécurité la ville ferme peu à peu ses frontières maritimes. Cependant, depuis quelques temps, vous avez sans doute remarqué les travaux sur le port de Cherbourg au niveau de la gare maritime. Rehausser les clôtures à 4 mètres, Doubler les clôtures, Installer entre les rangées ces barbelés munis de fines lames de rasoir au nom trompeur de concertinas, Augmenter l’éclairage sur la zone portuaire, Repenser les voieries et des réseaux, Construire des bâtiments modulaires, Sécuriser les accès, Il s’agit de renforcer les contrôles frontaliers côté français, dans le cadre du dispositif ISPS (international Ship and Port Facility Security) dont l’objectif est de prévenir et détecter les menaces dont l’immigration clandestine Coût prévu des travaux 3,2 millions d’euros financés par le Royaume Uni. Il serait illusoire de penser que tous ces travaux empêcheront les candidats à la traversée de la Manche de tenter leur chance. Non, cela les amènera à coup sûr à prendre de plus en plus de risques. Il suffit de se rappeler que s’ils prennent tant de risques c’est généralement pour rejoindre de la famille ou parce que venus d’anciennes colonies ils maîtrisent l’anglais et que une fois au Royaume Uni une communauté déjà installée pourra aider. Mais c’est aussi parce que l’Europe les a si mal accueillis qu’ils ne veulent pas et ne peuvent pas y rester. Employer cette manne financière pour organiser un accueil digne, un accueil inconditionnel de tous ces êtres humains qui fuient les guerres, des états totalitaires, la famine ou plus récemment des désastres climatiques, aurait été un grand pas pour l’humanité. Cela ne suffisait pas. Si l’on se promène à l’ouest, du côté de Querqueville, on constate aussi que les barbelés, ces fameux concertinas ont fait leur apparition le long de l’école des fourriers devenue l’École des spécialités du commissariat des armées (ESCA).