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Contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix, de toutes nos forces !

LFI Cherbourg en Cotentin, mardi 8 novembre 2022.
Allocution prononcée devant l’Hôtel de Ville de Cherbourg en Cotentin le mardi 8 novembre 2022, en réaction à l’agression verbale d’un député RN à l’encontre de Carlos Martens Bilongo, député LFI de la 8° circonscription du Val d’Oise.


Contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix, de toutes nos forces !

Mesdames, messieurs, chers amis et camarades, « Qu'il retourne en Afrique ! » : Il aura fallu que cette agression soit proférée contre un député français, né en France, pour que ce racisme de plus en plus prégnant dans notre société au point d’être devenu ambiant déclenche un émoi national.

Aussitôt après que ce député d’extrême droite ait focalisé la lumière sur lui, certains ont constaté mais assurément bien tardivement, que ses comptes sur les réseaux sociaux regorgeaient ad nauseam de citations et de déclarations du même type que celles proférées la semaine dernière dans l’hémicycle.

Cette récurrence des interventions intempestives du personnage interdit que son intervention puisse être qualifiée de « maladresse » comme a aussitôt tenté de le faire l’ancienne présidente du RN et candidate à la présidence de la République.

L’ensemble de ces propos et déclarations qui en y regardant de plus près relèvent du judiciaire et méritent pour la plupart une sanction pénale à laquelle il a jusqu’à présent toujours échappé, soulignent les carences de la justice en la matière.

Ceci met en lumière que le racisme imprègne la société française au point de se banaliser dans l’imaginaire collectif et d’affecter le fonctionnement des institutions de la République.

Le problème du racisme dans les institutions de la république est tellement grave que l’on ne sera pas surpris que les Ministres de l’intérieur et de la Justice aient choisi de ne pas rendre public le rapport de mission intitulé « La lutte contre les discriminations dans l’action des forces de sécurité », qu’ils ont demandé le 29 janvier 2021 et qui leur fut remis en juillet 2021, jusqu’à ce qu’ils y soient contraints par la Commission d’accès aux documents administratifs.

Même si les rapporteurs font valoir que « les graves manquements déontologiques observés » restent « circonscrits » et « qu’on ne peut parler, dans la police ou dans la gendarmerie, d’un phénomène de “racisme ou de discrimination systémique” » cela en dit long sur l’état d’esprit qui anime certains au sein de l’institution et qui ne sont jamais ou rarement inquiétés pour leurs manquements.

Si l’expression du racisme avait jusqu’à présent relativement épargné l’hémicycle de l’Assemblée nationale, l’irruption de 90 députés RN lors des dernières élections législatives met en lumière la vraie nature des représentants d’un parti raciste et xénophobe.

Grégoire de Fournas de Brosse est-il le seul député RN dans ce cas ? Certainement pas si l’on s’en tient au soutien que lui a apporté le tout nouveau président du RN Jordan Bardella : « Je pense effectivement - notre député a eu raison sur le fond – […] Le RN persiste et signe donc. Notons au passage que si le référendum d’initiative citoyenne existait la révocation de cet élu pourrait être demandée.

Dès lors nous pensons ici à nos millions de compatriotes qui subissent le racisme dans leur être, pour certains et dans certains endroits de notre république au quotidien.

A ce titre nous ne saurions établir aucune gradation entre l’agression subie par notre camarade Carlos Martens Bilongo, député de la nation, né à Villiers le Bel, auquel on demande de « retourner en Afrique » et les millions de nos compatriotes tout autant que lui nés en France, et tout autant victimes de traitements vexatoires, d’humiliations en tous genres de contrôles au faciès, etc.

Nous rendons hommage à notre camarade Bilongo pour la dignité de sa réaction et son comportement exemplaire en des circonstances aussi graves. A ce titre l’Observatoire national de l’extrême droite (Onde) lancé le 12 octobre 2020 et soutenu par plusieurs médias : Mediapart, Politis, Le Monde Moderne, Contretemps, Regards, L’Humanité, serait bien inspiré en prolongeant ses observations par le combat judiciaire qui doit être mené lorsque les circonstances l’exigent.

Nous en sommes rendus à un point où il ne suffit plus d’observer, il convient de lutter par tous les moyens à notre disposition, d’abord celui du combat politique et idéologique, mais aussi le combat judiciaire, que le pouvoir politique pour sa part ne se gêne pas d’utiliser avec promptitude et à satiété contre de plus en plus nombreux militants syndicaux, militants politiques et militants de la société civile. Il est aussi utile d’élargir notre champ de vision et de porter nos regards au-delà des frontières pour nous interroger sur le contexte politique qui prévaut aujourd’hui. Force est de constater qu’en maints endroits dans le monde ce sont les vents mauvais qui soufflent de plus en plus fort. Ce qui se passe en France n'est peut-être finalement que le reflet et la confirmation de ce qui se passe actuellement partout dans le monde. La simple observation des événements en apporte la preuve :

  • Avec la charge idéologique des images qui ont fait le tour du monde, de cette militante pro Bolsonaro au Brésil qui une arme à la main poursuit dans la rue et jusque dans une boutique un militant du Parti des travailleurs. Si la victoire de notre camarade Lula constitue un coup d’arrêt aux inconséquences de Bolsonaro, le bolsonarisme n’est pas mort au Brésil. Il reste tout aussi dangereux aujourd’hui qu’il le fut hier à la direction du pays et le sera demain pour s’opposer aux politiques sociales.
  • Avec un ancien président des États-Unis, qui appelle publiquement au meurtre de la présidente de la Chambre des représentants « on va s'occuper d'elle » et l’un de ses partisans qui va aussitôt presque trucider son mari a défaut de l'avoir trouvée à elle dans le but de l’enlever.
  • Avec, plus près de nous, chez nos voisins transfrontaliers, à quelques jours près cent ans après la marche sur Rome de Mussolini, une de ses admiratrices qui accède au pouvoir. Bien qu’elle s’en défende aujourd’hui, Giorgia Meloni, 45 ans, a tout au long de sa carrière revendiqué sa filiation avec le mouvement fasciste. A plusieurs reprises, la dirigeante du parti Fratelli d’Italia, victorieux dans les urnes aux législatives du 25 septembre, a salué les qualités de « bon politicien » de l’ex-dictateur. La conséquence directe de l’accession au pouvoir de Meloni : le déploiement d’une banderole à la gloire du Duce dans l’indifférence générale en plein centre de la capitale lors de la commémoration du 28 au 30 octobre de cette marche. Une manière de régénérer la mémoire de la période totalitaire.
  • Avec, un peu plus loin de nous mais toujours dans le périmètre européen, le basculement dans le camp de l’extrême droite de la Suède auquel nous venons d’assister, une forteresse de la social-démocratie considérée jusqu’ici comme inexpugnable. Ainsi, ce sont Les Démocrates de Suède, formation nationaliste devenue la première force à droite qui même si elle n’entre pas au gouvernement, va peser désormais sur la politique de la future coalition de droite dont elle fait partie.
  • Avec, plus récemment encore, le retour de Netanyahou aux affaires en Israël grâce au soutien des partis ultra-orthodoxes et de la formation d’extrême droite « Sionisme religieux », qui réclame aujourd’hui, pas moins que les ministères de la Défense et de la Sécurité publique, deux postes-clés à l’avant-scène du conflit israélo-palestinien.
    Ainsi nous voyons que partout dans le monde l’extrême droite, voire le néofascisme, n’ayons pas peur des mots, relèvent très haut la tête et affichent leur capacité de nuisance. Ceci montre qu’aucun pays dans le monde n’est à l’abri du retour en force de la pire réaction et que si la démocratie est un joyau, elle reste fragile en toutes circonstances si ses principes fondamentaux sont battus en brèche sans être défendus.

Le problème qui nous est à tous posé aujourd’hui c'est l'atonie ambiante et la quasi absence de riposte à la hauteur du danger qui guette. Car nous voyons bien que lorsque cette extrême droite ou ce néofascisme accèdent au pouvoir, ils sont partout sans exception, les ultimes béquilles zélées d’un capitalisme de plus en plus sauvage, qui mène contre les peuples une véritable guerre de classe.

Nous pouvons sans exagération considérer que nous avons franchi un saut qualitatif et dépassé le stade de la lutte de classes pour entrer dans une véritable guerre de classes – ce n’est pas moi qui le dis c’est le milliardaire américain Warren Buffet qui le disait voici quinze ans déjà – avec des pouvoirs qui restreignent chaque jour davantage les libertés publiques y compris et peut-être surtout dans les pays considérés comme des « grandes » démocraties, car c’est là que ses intérêts sont le plus menacés.

Par ailleurs, alors qu’une véritable guerre se déroule à nos portes et que sous les formes les plus diverses souvent les plus belliqueuses certains alimentent à satiété le foyer de guerre en y livrant des armes, il serait temps que le camp du progrès qui nous caractérise ici, abandonne le seul précepte de solidarité et reprenne le chemin de la lutte pour l’exigence de la Paix.

Car c’est de paix que les peuples ont le plus besoin aujourd’hui, et non d’aventures militaires toujours plus périlleuses dont nul ne peut prédire jusqu’à quelles extrémités elles pourraient conduire.

C’est dans cet esprit que nous appelons tous les démocrates à lier ces luttes pour la dignité humaine et le respect des individus. Nous appelons tous les humanistes de notre pays à prendre ces questions à bras le corps pour s’opposer de toutes leurs forces au racisme et à l’antisémitisme ambiants qui gangrènent notre société et à engager le combat pour exiger partout, la Paix et le respect de la dignité de chaque être humain.

Un seul mot d’ordre : De toutes nos forces ! contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix !

discours mairie de Cherbourg LFI

discours mairie de Cherbourg Nupes