la france insoumise cherbourg

Transcription intégrale de la position de la France Insoumise et de Jean-Luc Mélenchon

Conférence de JLM à Bordeaux

RAPPEL PAR JEAN-LUC MELENCHON DE LA POSITION DE LA FRANCE INSOUMISE A PROPOS DE L'OPERATION DE GUERRE DECLENCHEE PAR LE HAMAS EN ISRAËL

Extrait de la Conférence #FaitesMieux de Jean-Luc Mélenchon à Bordeaux diffusée en direct le 11 octobre 2023

Il a commencé par mentionner l'opération de guerre déclenchée par le Hamas en Israël. Il souligne l'importance d'appeler ces actions par leur nom, en qualifiant les actions du Hamas de crimes de guerre. Cela va au-delà de la simple qualification de terrorisme. Reconnus par le droit international, ils peuvent ainsi être poursuivis et jugés par la Cour pénale internationale.


[NDLR- Nous avons fait le choix de conserver le minutage afin que chacun puisse se référer à la vidéo de cette conférence dont le lien figure au bas de la transcription] EXTRAIT. TRANSCRIPTION INTEGRALE [...]

11 :49 : Puisqu’il est question de relations internationales et que nous avons sous les yeux un événement de première grandeur, c’est sans doute l’occasion de voir comment fonctionnent les concepts qui sont mis en œuvre dans ma théorie

11 :58 : Alors nous partons avant toute chose d’une idée, la France doit être non-alignée. Le non-alignement ne signifie pas la neutralité, c’est-à-dire que ce n’est pas vrai que l’on reste à regarder sans intervenir d’une manière ou d’une autre dans cette réalité.

12 :20 : Ce n’est pas non plus l’équidistance et je cite ces deux mots, puisque le premier m’a été opposé et le second a été présenté par le président de la République lui-même qui prétendait que la France est équidistante dans les tensions qui existent.

12 :33 : Eh bien non, elle ne l’est pas. Quand non est non-aligné il y a une exigence c’est évidemment celle d’être protagoniste de toutes situations dans lesquelles nous avons un avis et nous le motivons, nous l’argumentons et nous proposons l’intervention de la France. Quel type d’intervention voilà toute la question.

12 :53 : Au fond qu’est-ce que la puissance ? C’est une question qui se pose à nous. Pendant tout le 19ème siècle et le 20ème siècle, la puissance ça a d’abord été vécu comme la puissance militaire ou la puissance économique permettant la puissance militaire. Bref, la puissance a toujours été vécue comme la coercition et la capacité d’imposer de force un point de vue à ceux qui éventuellement n’en voudraient pas.

13 :17 : Je propose une autre lecture de la puissance qui aille à la racine de ce que le mot signifie. La puissance veut dire au fond, avoir la possibilité de faire ce qu’on veut et de n’en être jamais empêché par qui que ce soit. Au fond, le mot puissance se confond avec la question de la souveraineté qui est la question centrale de la politique au point que Jean Jaurès avait dit : « Toute la question politique se résume au problème de la souveraineté politique du peuple. » Et la souveraineté politique suppose qu’on en ait les moyens. Ce qui a une deuxième conséquence, la puissance c’est l’indépendance.

13 :55 : J’espère que vous voyez le lien entre les trois concepts et le point auquel je vous amène. Puisqu’il y a une crise quelle doit être alors la marque de la puissance de la France ?

14 :06 : Si la France est une puissance alignée elle se met donc au garde-à-vous du camp dans lequel elle a décidé d’être. En l’occurrence celui des Etats-Unis d’une manière générale, et du gouvernement d’Israël d’une manière particulière.

14 :22 : Et c’est ce qu’elle fait d’une manière tout à fait nouvelle, par rapport à l’histoire et à la tradition diplomatique des français. J’en dirai un mot encore dans un instant.

14 :35 : Et cet alignement la conduit à une aberration qui a été prononcée depuis la tribune de l’Assemblée Nationale où nous avons entendu la présidente nous dire : « nous assurons le gouvernement d’Israël de notre solidarité inconditionnelle avec l’Etat d’Israël. »

14 :51 : Une solidarité inconditionnelle c’est le mot qui définit un alignement. Et voyez-vous, moi qui ai toujours soutenu de manière constante et sans nuances le droit de Cuba de voir se lever l’embargo criminel qui l’assaille depuis tant d’années, je n’ai jamais dit que je soutenais inconditionnellement Cuba, quoiqu’il dise et quoiqu’il fasse éventuellement contre les Etats-Unis d’Amérique qui sont responsables et eux seulement du siège que subit Cuba.

15 :23 : L’inconditionnalité d’un soutien est une position aberrante qui ne correspond à rien de ce que doit être la politique d’une nation libre et indépendante. La seule chose que nous soutenons inconditionnellement ce sont nos propres principes. C’est-à-dire la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen pour ce qui est de la France et la déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, entendons par droits de l’homme, les droits de l’être humain, adoptée à l’échelle internationale en 1948. Et c’est à l’aune de ces principes que nous jugeons ce qui est bon de faire ou ne pas faire.

16 :02 : Dans le cas qui nous occupe, nous sommes dans un cas de guerre et j’en profite pour dire que les guerres propres n’existent pas. Alors il y a des guerres plus ou moins sales, mais d’une manière générale elles sont toutes criminelles, car toutes les guerres ont pour objectif de tuer des gens et de contraindre les autres à se soumettre du fait de la force. La guerre c’est une situation d’antagonisme qui n’a pas trouvé de solution politique.

16 :38 : Le but de l’action d’une nation indépendante et pacifique est donc en toutes circonstances de proposer sa médiation pour qu’on passe de l’état de guerre à l’état du règlement politique. Et le règlement politique ne peut pas être une vaine abjuration, « trouvons une solution politique et faisons la paix ! » Oui mais comment ? Ça ne veut rien dire si l’on s’en tient à des déclarations aussi fumeuses, ou plus exactement ça veut dire quelque chose : mains libres à ceux qui veulent agir par la force. Et c’est exactement ce qui se passe.

17 :14 : Le gouvernement de monsieur Macron et absolument, totalement, inconditionnellement aligné sur la politique décidée par l’actuel gouvernement de l’Etat d’Israël. Et politiquement c’est une catastrophe, d’abord pour Israël et en Israël même des voix s’élèvent, nombreuses, pour dire que cette politique est catastrophique. Mais les français non. Parait-il leur gouvernement trouve tout ça parfait et sont d’accord quoiqu’il arrive.

17 :42 : Et c’est là qu’intervient l’étrange querelle qui nous est faite sur un mot. Nous sommes habitués à la querelle des mots, chaque semaine il y en a une, un mot de trop, un mot de pas assez.

17 :59 : Condamnez-vous les révoltes urbaines ? appelées émeutes pour qu’on entende le bruit de la foule grondante les lèvres pleines de bave de rage. Les émeutes urbaines. Alors nous nous réclamons la justice et l’on dit « ah ils refusent de condamner les émeutes. » Deux jours après je dis « écoutez il ne faut pas bruler les bibliothèques et les écoles c’est une catastrophe » et aussitôt on dit « ah il permet qu’on brûle tout le reste » et ainsi de suite.

18 :27 : Beaucoup d’entre vous se rendent compte qu’il s’agit d’une lapidation médiatique qui s’exerce maintenant d’une manière permanente, quoiqu’il arrive, quel que soit le sujet on nous reproche ou bien ce que nous avons dit, ou bien ce qu’il aurait fallu qu’on dise et qu’on refuse de dire.

18 :44 : Dans le cas qui nous occupe comment doit-on réfléchir ? Je m’adresse d’abord à mes plus jeunes camarades insoumis. En sorte que l’expérience qu’ils accumuleront en commençant ce soir en m’entendant, ils la corrigent à mesure de leur expérience, de celle qu’ils accumuleront dans leur vie pour améliorer leur manière de penser la réalité et y intervenir, quand leur tour viendra, à eux-aussi de gouverner leur patrie.

19 :16 : Le vocabulaire de l’international a ses exigences. On dit vous n’avez pas condamné. Bien sûr que si ! Bien sûr que si, que nous avons condamné !

19 :32 : Aucun crime ne trouvera jamais grâce à nos yeux. J’ai même envie de dire, plus proches nous sommes d’un combattant, plus nous sommes exigeants sur le plan moral. Et nous disons que jamais, nous-mêmes nous nous abaisserions à utiliser des méthodes de combat qui puissent être, si peu que ce soit, confondues avec celles de l’adversaire que nous combattons.

19 :55 : Pour ce qui me concerne voici ce que j’ai déclaré, à peine monté dans le train qui m’emmenait de Rabat à Tanger, alors que je n’avais aucune autre information que les commandos armés du Hamas étaient sortis de la bande de Gaza et entraient sur le territoire d’Israël. Je dis les choses comme elles sont, je ne savais rien d’autre.

20 :24 : Mais j’ai assez d’expérience pour deviner ce qui allait se passer. Et je connais assez les uns et les autres pour avoir une idée de ce dont ils sont capables.

20 :35 : Commençons par le plus simple c’est-à-dire le Hamas. Les Insoumis et toutes les organisations politiques qui ont précédé les Insoumis et dont j’ai pu être le fondateur ou le co-fondateur se sont toujours caractérisées par une même opposition absolue, au mélange de la politique et de la religion. Refus absolu !

21 :03 : Dès lors nous n’avons jamais eu aucune sympathie politique pour un mouvement dont la base est le mélange des deux. Alors ils font bien comme ils veulent, mais nous aussi nous faisons comme nous voulons et nous sommes en désaccord absolu avec ce mélange des genres. De même que nous sommes en désaccord absolu avec tous les régimes théocratiques, c’est-à-dire qui se réclament de l’autorité d’une religion pour établir leurs règles qui dès lors deviennent des règles dogmatiques, ne sont plus des lois.

21 :37 : La vertu de la loi mes chers amis, c’est précisément qu’elle peut changer, c’est précisément qu’elle n’est pas une vérité révélée et que l’expérience peut conduire à faire changer une loi.

21 :47 : Un dogme on ne le discute pas, il est une vérité qui nous vient d’une révélation. Eh bien dans le domaine de la conviction intime privée qui est de la foi, oui on l’entend parfaitement, mais pour ce qui est de l’organisation des sociétés ou vivent ensemble des gens qui ont des fois différentes ou pas du tout, il est évident que ça ne peut pas être la règle. Ou bien sinon ça le devient au prix de la force, les uns imposant aux autres leur manière de voir.

22 :16 : Alors la France a été un Etat théocratique sous l’ancien régime. Le roi l’était par la grâce de Dieu. Francisco Franco, “caudillo de España pour la gracia de Dios”, pareil. Le dictateur Franco avait comme légitimité, c’était écrit sur les pièces de monnaie, les pesetas, « par la grâce de Dieu ». Alors comme personne n’était en état d’aller vérifier si c’était vrai ou pas et que pour le reste les carabiniers se chargeaient de vous le faire croire avec des arguments qui n’étaient pas toujours rationnels mais il faut bien le dire assez performants.

22 :48 : Une société laïque sépare le religieux du politique et c’est un exercice compliqué, parce qu’il ne s’agit pas non plus de faire de la laïcité un athéisme d’Etat qu’elle n’a jamais été. Les citoyens doivent pouvoir croire et pratiquer librement le culte auquel ils adhèrent, ou ne pas en pratiquer s’ils n’y adhèrent pas.

23 :14 : C’est un maniement délicat, car nombre des conventions sociales touchent à la morale que la foi concerne également.

23 :24 : Vous connaissez tous l’exemple de la liberté de l’avortement. La liberté est une chose, l’avortement une autre. Maintes religions interdisent l’avortement comme un crime contre la morale et les prescriptions du divin. La liberté de l’avortement n’oblige personne à avorter. Chaque personne décide pour elle-même, du point de vue de l’ensemble des raisons qu’elle a de prendre une décision, ce qu’elle va faire. Et quand je dis chaque personne, nous comprenons bien que nous parlons de chaque femme personnellement concernée, puisque son corps n’appartient qu’à elle et à personne d’autre. Ni à son mari, ni à sa famille, ni à qui que ce soit.

24 :09 : Cette complexité-là, cette subtilité-là, qui marie la liberté avec la liberté de conscience est la condition pour une société réellement laïque. Ça n’a donc rien à voir avec un athéisme d’Etat, même si on peut et surtout on peut dans un état laïque être athée, cela va de soi.

24 :30 : C’est la même discussion à propos du suicide assisté. Exactement la même. On ne demande à personne de se suicider, mais on dit que dans le cas ou il le souhaite, alors c’est possible en ayant le secours de tenir une main amie et d’être aidé dans ce passage si terrible et si étrange dont vous comprenez toute la portée.

24 :56 : Je voulais vous dire tout ça pour bien remettre à sa place qu’elle est la nature des relations que nous avons avec les organisations qui se réclament de la religion, quelque soit cette organisation, quel que soit le combat dans lequel elle est engagée.

25 :11 : Ainsi, en Amérique du Sud pour ma part, je n’ai jamais dit à mes camarades qui adhéraient à la “Théologie de la Libération” que j’étais d’accord avec eux pour dire que les balles des guérilleros c’étaient les hosties du Christ. Parce qu’il me semblait que ce n’était pas ça qu’on m’avait appris sur le sujet et ainsi de suite.

25 :32 : Voilà pour le Hamas.

25 :34 : Le Hamas est donc sorti dans une action de guerre contre Israël parce qu’il y a une guerre entre les palestiniens et les israéliens et c’est le sujet de tout ce qui se passe là-bas.

25 :47 : J’ai condamné la violence dont je savais qu’elle allait instantanément se déchainer et vous saviez tous quand cette nouvelle vous est arrivée que la violence allait se déchainer.

26 :00 : Je l’ai fait de la manière suivante, je dis, je, beaucoup en ce moment pourquoi ? parce que mon nom est une fois de plus mis à toutes les sauces et qu’on m’attribue toutes sortes de positions qui ne sont pas les miennes, mais que des gens commentent ensuite, et comme on le répète dix fois, à la onzième, le crétin qui la répète c’est comme si c’était une évidence et produit son précieux avis sur le sujet.

26 :24 : Jusqu’à un sondage où on interroge parait-il des gens pour leur demander s’ils sont d’accord avec mon refus de condamner le Hamas, ce qui naturellement n’a rien à voir avec ma position.

26 :34 : Dans le cas où vous l’auriez oublié je vais vous la relire c’est un Tweet, ça ne prend pas beaucoup d’espace.

26 :40 : J’ai dit : « Toute la violence déchainée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose (là on est dans les premières heures du combat) la violence ne produit et ne reproduit qu’elle-même. Horrifiés, nos pensées et notre compassion vont à toutes les populations désemparées victimes de tout cela. Le cessez le feu doit s’imposer. Cessez-le feu ! La France doit y travailler de toutes ses forces politiques et diplomatiques. Les peuples palestinien et Israélien doivent pouvoir vivre côte à côte en paix et en sécurité. La solution existe, celle de deux Etats conformément aux résolutions de l’ONU. »

27 :55 : Voilà un document qui ne met pas tout le monde sur le même plan. Voilà un document qui dit que son horreur est la même quelque soit la victime, qu’elle soit palestinienne ou israélienne. Et qui d’avance n’amnistie personne pour ses crimes. Enfin elle dit qu’une solution politique existe ce sont les deux Etats.

28 :22 : Je le précise parce que j’ai lu ici ou là certains disent : « la solution à deux Etats a échoué », comment le savez-vous on n’a jamais essayé ? Qui peut dire la solution a échoué ? on ne l’a pas essayée !

28 :34 : Voilà ce que j’ai dit.

28 :37 : Alors on me dit : « mais vous ne dites pas que c’est une attaque terroriste », et vous vous demandez pourquoi depuis deux jours nous refusons de le faire. Et j’ai vu de pauvres diables qui tout à l’heure essayaient de m’enfoncer leur micro dans la bouche « alors vous ne pouvez pas dire que c’est terroriste c’est si dur » m’adjurait je ne sais quelle ignorante. D’aller dire dans son vocabulaire d’ignorante ce qu’il faudrait que je dise pour convenir à ce qui est prévu sur son plateau. Eh bien non !

29 :13 : Si j’avais à gouverner la France je n’utiliserais pas ce vocabulaire. Pourquoi ? Et à cet instant je me comporte comme quelqu’un qui pense qu’il doit gouverner son pays. Pourquoi ? Demandez-vous pourquoi ? bande de phraseurs, d’occupants de plateaux à perte de vue, de commentateurs de vôtre nombril, pourquoi ?

29 :43 : J’imagine que vous me reconnaissez un certain niveau, au moins un QI égal au vôtre où à la moyenne, ou légèrement en dessous du vôtre, pourquoi ?

29 :53 : Parce que si nous acceptions de caractériser comme terroriste une action de guerre, nous la soustrayons au droit international. Le droit international ne prévoit aucune dénomination de caractère terroriste. Les deux seules organisations qui ont été montrées par l’ONU comme organisations terroristes sont Al Qaeda et Daesh. Point, final !

30 :27 : Si nous voulons que ce que nous appelons des crimes de guerre soient poursuivis et jugés il faut les appeler par le nom qui permet de le faire. Et cela est possible à la Cour Pénale Internationale.

30 :46 : Mais alors, perroquets de la bonne conscience, il vous faudra noter dans vos précieux commentaires, que l’accord, le traité qui installe cette CPI, a en effet été signé par Israël, mais pas la convention qui instaure cette Cour, tandis que l’OLP en est membre.

31 :14 : Et les Etats-Unis d’Amérique, qui sont las parrains de la plupart des criminels de cette planète, non plus n’ont pas signé.

31 :24 : Alors le retour au réel signifie que la France ne doit en aucun cas s’aligner sur une puissance irresponsable, quand je dis irresponsable c’est au sens juridique, les Etats-Unis d’Amérique ne sont responsables de rien et devant personne, car sinon ils passeraient leur vie à la CPI, pour les crimes de guerre commis en Afghanistan, pour les crimes de guerre commis en Irak, pour les crimes de guerre qu’ils ont commis à peu près partout dans le monde, avec l’agent orange contre les populations du Vietnam.

31 :55 : Nous n’avons pas de leçon de morale à recevoir de telles gens.

32 :05 : Nous appelons crimes de guerre tout ce qui consiste à prendre en otage une population civile désarmée. Ou à l’assassiner comme le Hamas l’a fait sur le territoire d’Israël s’il est confirmé les abominations dont on nous parle dans les kibboutz.

32 :25 : Jamais, d’aucune façon, si peu que ce soit, nous pourrions approuver ou supporter de tels crimes ou les mettre sur le compte de la lutte. Ce n’est pas lutter que d’assassiner des gens désarmés. Ce n’est pas lutter que de tuer des gens comme s’ils étaient collectivement responsables tous. Le raisonnement humain, la dignité de la politique, consiste à ne jamais accepter le principe de la responsabilité collective. Quel que soit le lieu, quelque soient les circonstances, selon les droits de l’homme, les droits de l’être humain, la responsabilité est toujours individuelle et chacun répond de ses actes. Pas de ses convictions, de ses actes !

33 :12 : Si bien que si notre droit prévoit en effet la reconnaissance d’actes terroristes, à l’échelle internationale les actes qui sont connus et susceptibles d’être jugés sont des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.

33 :29 : Et cela s’est déjà produit. Lorsqu’eut lieu l’opération « Plomb durci » en 2009, le rapporteur des Nations Unies condamna les deux protagonistes pour crimes de guerre. Parce que les deux s’étaient emparés de populations civiles pour les persécuter.

33 :50 : Aujourd’hui, de même que nous qualifions de crimes de guerre ce que le Hamas a fait sur le territoire d’Israël, nous qualifions de crimes de guerre ce qu’Israël est en train de faire contre la population de Gaza.

34 :05 : La France est un pays libre, elle dit ce qu’elle veut, comme elle veut, quand elle veut si, elle veut remplir le seul office qui soit le sien dans cette circonstance, c’est-à-dire proposer sa médiation. Vous ne pouvez pas être une puissance de paix si vous êtes, avant-même d’avoir commencé, partie prenante et ne condamner que l’un en donnant tout liberté à l’autre.

34 :29 : Car si nous sommes dans une lutte contre le terrorisme nous sommes dans le choc des civilisations. Nous sommes dans la lutte du bien contre le mal et donc cela signifie l’ouverture du droit à la vengeance. La vengeance n’est pas la loi, n’est pas le jugement.

34 :44 : Voilà pourquoi nous parlons comme nous parlons, de crimes de guerre et de rien d’autre. Et depuis quand crimes de guerre est une imputation d’un niveau plus tendre que terrorisme ? Depuis quand crimes contre l’humanité est une douce euphémisation du terrorisme ?

35 :02 : Non c’est l’inverse, c’est au contraire sa caractérisation précise. Car voyez-vous quand on dit crimes de guerre c’est comme si on faisait comme si toute guerre n’était pas un crime ! Le crime de guerre c’est un stade de plus dans l’horreur de la guerre.

35 :19 : Voilà ce que je voulais dire en lien avec la position de non-aligné. Quand vous êtes aligné il n’y a aucun effort à faire, vous répétez la voix du plus fort. C’est ce que fait la France. Quand vous êtes non- aligné vous êtes obligé à une première règle, le discernement. Comprendre et intervenir à bon escient pour empêcher que les situations dévalent la pente jusqu’au massacre généralisé et à l’irréversible.

35 :50 : C’est le moment donc de poser des actes pour la France, mais le peut-elle compte-tenu de ses prises de position ? Est-elle écoutée quand on voit une manifestation qui dit qu’elle est là en soutien au malheur de la population d’Israël qui en effet souffre et vit des massacres et qu’on entend comme slogan Zemmour président ? Est-ce que réellement c’est le chemin par lequel passe l’affirmation de ce qui nous sommes, ou bien ce n’est pas au contraire ce que la France a toujours fait ?

36 :28 : Par exemple quand la situation semblait vouée au désastre total pour l’OLP. C’est la France qui a permis l’exfiltration du Président Yasser Arafat depuis le Liban, en pleine guerre alors qu’il était encerclé. C’est la France qui a la tribune de la Knesset, par la voix de François Mitterrand, a rappelé au vu et au su de tout le monde quelle est la position de la France, qui n’est pas juste une position politique en général, celle qui vous arrangerait, celle qui arrangerait le plus fort, non, une solution politique très précise.

37 :12 : le président Mitterrand disait : « Le dialogue suppose que chaque partie puisse aller au bout de son droit, ce qui pour les palestiniens comme pour les autres peut -disait-il à l’époque, nous sommes en 1982-, le moment venu signifier un Etat. La France approuvera ce qui sera dialogue ou approche de dialogue, comme elle observera avec inquiétude toute action unilatérale qui, de part ou d’autre, retarderait l’heure de la paix. »

37 :50 : Eh bien moi j’adhère à cette déclaration et je continue à lui dire ma fidélité. De la même manière que la France n’a pas vocation quelque soit l’intensité de ses liens d’amitié avec le gouvernement d’Israël, comme il est normal qu’on en ait, d’approuver tout ce que fait ce gouvernement comme si au fond c’était le nôtre. Eh bien non, c’est le gouvernement d’Israël, pas le gouvernement de la France. Et le gouvernement de la France n’est pas celui d’Israël. Il définit lui-même ses positions.

38 :18 : Je vous dis ça parce qu’il est arrivé à la fois que la France fasse partie des pays qui ont voté la résolution de l’ONU qui crée l’Etat d’Israël et nous ne sous sommes jamais dédits de cette position. Il est donc absolument vain, inutile, mensonger, de nous assimiler à ceux qui prétendent le contraire.

38 :39 : Et de même, la France qui avait posé cet acte, la France qui avait vendu des Mirages à l’Etat d’Israël, je parle de l’avion de combat, pas des illusions, la France qui avait participé, maintenant tout le monde le sait, à l’élaboration du programme nucléaire d’Israël, cette même France, sous l’autorité du général De Gaulle, décida, à l’occasion de la guerre des six jours, dans laquelle, si, matériellement et juridiquement l’agresseur est en effet le gouvernement d’Israël, dans la réalité les conditions de l’encerclement d’Israël avaient été mises en mouvement par le gouvernement égyptien, qui à mon avais n’avait pas du suffisamment maitriser la situation puisque ça a abouti à un désastre, dont tout le monde, en tout cas une génération au moins, a le souvenir.

39 :34 : Et à l’occasion de cette situation où pourtant on pouvait se dire que ma foi Israël avait en quelque... -on appelait ça un concept de guerre préventive, alors bon ça se discute comme concept politique international et je ne recommande pas qu’on l’adopte-, mais en attendant c’est comme ça que c’était présenté, cela n’a pas empêché De Gaulle de décider l’embargo sur les pièces et fournitures militaires, alors même qu’Israël volait avec des avions français.

40 :04 : Vous voyez que dans toutes les circonstances ce qui compte c’est la manière avec laquelle on fait vivre le droit. Le droit est une convention humaine, rien de plus. Vous ne trouverez nulle part gravé définitivement dans le marbre d’autres lois éternelles que les droits de l’homme, les droits de l’être humain. Il faut s’y faire.

40 :25 : Donc on ne peut pas faire autrement que de s’accrocher au droit notamment en matière internationale. Voilà ce que je réponds à ceux qui nous ont mensongèrement accusés de ne pas avoir condamné certains crimes. Et que à mon tour j’accuse, de ne pas vouloir condamner d’autres crimes qui sont entrain de se commettre en ce moment avec le massacre de la population de Gaza qui est hors d’état de se défendre, alors même qu’on lui a dit sortez de là, et que ce qui est bombardé ce sont les points de passage.

41 :01 : Pour nous aucune atrocité n’est excusable. Aucune prise des civils dans un conflit dans lequel ils ne peuvent intervenir n’est acceptable.

41 :12 : Alors j’interpelle. Puisque le président Macron va parait-il réunir demain les responsables de partis politiques et que tout à l’heure Manuel Bompard m’a dit que la décision prise par le mouvement est qu’il irait.

41 :27 : J’ai donc des questions à poser. Je les pose non seulement au président de la République, en pensant à la position traditionnelle de la France, mais aussi à ceux qui nous font des représentations et décident que comme nous n’avons pas assez dit ceci, ou pas assez dit cela, comme nous ne nous sommes pas alignés sur leur dernier délire, alors ils décident de rompre toute relation avec nous comme si nous étions des belligérants.

41 :58 : Voici mes questions : → Oui ou non condamnez-vous tous les crimes de guerre ? J’ai bien dit tous les crimes de guerre. → Oui ou non demandons-nous le cessez-le-feu immédiat ? C’est-à-dire demandons-nous l’arrêt des bombardements de Gaza et évidemment de l’intervention du Hamas en Israël ? → Oui ou non acceptons-nous la mise en place d’un corridor humanitaire comme le demande l’Organisation mondiale de la Santé pour permettre l’évacuation de la population de Gaza qui voudrait s’en aller ? → Et si nous avons un tel corridor Oui ou non la France propose-t-elle la participation des soldats français sous casque bleu, pour rendre efficace ce corridor humanitaire, puisque nous avons déjà 700 casques bleus au Liban. → Oui ou non sommes-nous toujours sur la demande de la libération immédiate des otages ? Mais alors il faut le dire ouvertement ! Et je le dis en tout cas pour nous, la libération des otages est la première étape, le premier moment de la médiation nécessaire pour discuter du reste. On ne peut pas discuter sous le feu ou avec des otages retenus en gage de la position de l’un ou de l’autre. Mais en l’occurrence c’est le Hamas qui a pris des otages. → Enfin, oui ou non la position de la France s’agissant de la solution politique, est-elle bien toujours les résolutions de l’ONU c’est-à-dire la présence de deux Etats, un Etat palestinien et un Etat israélien, viables, dans des frontières mutuellement reconnues, et garantis quant à leur sécurité respective ?

44 :00 : Voilà un ensemble de positions. On peut dire mais c’est le rêve d’un monde parfait, mais si l’on ne rêve pas d’un monde parfait on n’a aucune chance de le voir aboutir. Au demeurant c’est tout simplement la solution politique sur laquelle la communauté internationale, c’est-à-dire l’ONU, car il n’existe pas en dehors de l’ONU de communauté internationale, le G7, le G20, et le G ce que vous voulez n’est pas la communauté internationale. L’OTAN est une alliance militaire, n’est pas la communauté internationale. Quelque soient ses défauts la seule communauté internationale qui existe c’est l’ONU.

44 :37 : Est-ce que Oui ou Non, la France est toujours sur cette position ? Et je voudrais maintenant pour clore sur ce chapitre qui aura été trop long à mon goût, dire que la France est en train de prendre une attitude particulièrement néfaste pour la Paix.

44 :53 : Car quand un pays de cette importance passe de deux Etats, la paix maintenant, le cessez-le-feu tout de suite, à une solution politique pour une paix durable, et a qualifié de terroristes certains actes et justifié deux choses : 1° le droit de vengeance des autres et la fin du droit international à la faveur des plus forts.

45 :17 : Si je me trompe, alors qu’on me le démontre, mais qu’on cesse de faire comme on le fait jour après jour, avec une intention morbide, et maléfique comme celle qui finit par s’exprimer lorsque le ministre de la défense d’Israël dit : « qu’il va traiter la population de Gaza comme des animaux », car voyez vous nous n’accepterions pas que des animaux soient traités de cette manière-là non plus.

45 :45 : Comme lorsque l’on voit quelqu’un pour qui nous sommes sans doute nombreux dans cette salle à avoir eu et en avoir encore de l’affection, comme Enrico Macias dire qu’il faut « dégommer les LFI » et voir aussitôt pulluler les commentaires pour préciser qu’on parle bien de les dégommer physiquement, faisant peser sur nous des menaces de mort que nous recevons quasiment tous les jours, pour au moins la moitié du groupe insoumis et naturellement pour ce qui me concerne, qui ne suis pas seulement quelqu’un qui vit seulement dans une impression, certes opprimante mais avec laquelle je pourrais composer car je voudrais rappeler qu’il y a déjà deux personnes qui ont été condamnées pour avoir essayé de passer à l’acte en ce qui me concerne et l’une à neuf ans de prison et l’autre à 18 ans. C’est dire que les juges ont estimé que la menace était sérieuse.

46 :38 : Nous vivons dorénavant dans un pays de cette nature, où l’on peut tout le jour durant, lapider LFI, montrer du doigt ses députés, insulter les femmes qui animent et dirigent son combat, sans encourir aucun reproche, d’aucune sorte et en même temps voir des gens nous menacer de mort, sans entendre une seule voix protester contre l’expression d’une telle violence.

47 :06 : Voilà le pays dans lequel nous vivons. Et évidemment qu’est-ce qui vaut ce que nous sommes entrain de faire en ce moment, montrer que personne ne nous fait peur. La liberté ne continuera à vivre dans ce pays que si nous continuons à en assumer les risques.

47 :25 : Le risque c’est de dire ce qu’on pense, parce que dans une démocratie, tant que les paroles ne sont pas des appels au meurtre, alors la parole est libre ! Tant que les paroles ne sont pas un appel raciste alors la parole est libre ! Et c’est cette liberté que nous faisons vivre à l’instant ou nous nous réunissons.

47 :45 : Voilà ce que je voulais vous dire. [...] FIN DE L’EXTRAIT CONSACRE AU SUJET.

FG 13 octobre 2023

Transcription effectuée par les Groupes d’Action insoumis de Cherbourg en Cotentin Pour visionner la Conférence ou vérifier les termes de la transcription :